"Que veut Netanyahu, que veut le Hamas?": à Gaza, pleurs et colère après une frappe meurtrière

Autour des corps drapés de linceuls ensanglantés, des femmes en abayas noires hurlent leur douleur, les bras tendus vers le ciel, pleurant leurs proches tués dans une frappe sur le camp de réfugiés d'al-Chati à Gaza-ville.
L'une d'elles serre contre sa poitrine le petit corps de son enfant, enveloppé d'un drap blanc dont seule la tête émerge.
Selon Salwa Sobhi Bakr, cinq membres de sa famille ont été tués pendant la nuit lors d'une frappe sur ce camp de Gaza-ville où Israël a lancé le 16 septembre une importante offensive, afin d'y éliminer ce qu'elle présente comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste Hamas, dont l'attaque du 7 octobre 2023 contre Israël a déclenché la guerre.
La Défense civile de la bande de Gaza, une organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, indique pour sa part que 7 personnes ont été tuées "dans une frappe israélienne" sur le camp d'al-Chati, faisant état d'un bilan de 82 personnes tuées samedi à travers le territoire palestinien, dont 38 à Gaza-ville.
L'hôpital al-Chifa à Gaza a confirmé avoir reçu six corps de victimes tuées lors de l'attaque contre al-Chati. L'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat.
Les corps ont été emmenés pour être enterrés, les adultes sur des brancards, les enfants portés dans les bras de leurs proches, au milieu de rues dévastées.
"Les enfants dormaient quand soudain un missile est tombé sur nous", raconte Salwa Sobhi Bakr.

"Cinq personnes de la famille Bakr ont été tuées, toute la famille. Que veut le monde de nous? Que veut (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu? Que veut le Hamas?", lance-t-elle.
"Ce qui se passe, ce sont des massacres, des massacres interdits par les lois internationales", se lamente Oum Khalil, rescapée de l'attaque contre la maison familiale.
Salwa Sobhi Bakr dit ne pas savoir où trouver refuge, après presque deux ans de guerre.
"On nous dit d'aller là-bas, puis de revenir ici. Où trouver l'argent pour payer les camions? Les gens sont dans les rues, éparpillés partout dans le sud. Où devons-nous aller? Trouvez-nous une solution", implore-t-elle.
"Finir le travail"
Depuis le lancement de son offensive sur la ville de Gaza, l'armée israélienne a ordonné à plusieurs reprises aux Palestiniens de se diriger vers le sud.
Le ministre israélien de la Défense a affirmé samedi que l'armée "intensifiait la portée de ses frappes à Gaza et avançait vers la phase décisive", ajoutant que "plus de 750.000 habitants avaient évacué la ville de Gaza vers le sud". "Si le Hamas ne libère pas tous les otages et ne désarme pas, Gaza sera détruite et le Hamas sera éliminé", a indiqué Israel Katz sur X.

Mais si l'armée concentre ses attaques sur la ville de Gaza, elle poursuit ses frappes dans d'autres secteurs du territoire palestinien, où s'entassent plus de deux millions d'habitants, dont la plupart ont été déplacés au moins une fois depuis le début de la guerre.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations ou les bilans fournis par la défense civile ou l'armée israélienne.
Dans la cour d'un hôpital du centre de la bande de Gaza, même scène que dans le nord: des corps dans des sacs blancs gisent à même le sol, victimes d'une frappe sur le camp de réfugiés de Nousseirat.

Des femmes pleurent sur les dépouilles, les hommes prient à proximité.
Sur le site bombardé encore fumant, des amas de béton et des trous béants témoignaient de la violence de l'explosion.
Tout autour, des hommes et des enfants fouillent les décombres à la recherche d'effets personnels.
Iyad Chokr, qui a survécu à la frappe sur Nousseirat, dit que l'attaque a eu lieu avant l'aube.
"Les débris se sont effondrés sur notre étage. Par la volonté de Dieu, certains ont survécu et d'autres sont tombés en martyrs", témoigne-t-il.

A la tribune des Nations unies, Benjamin Netanyahu a promis vendredi de "finir le travail" contre le Hamas, malgré les vives condamnations internationales après l'intensification de l'offensive.
L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.
L'offensive israélienne menée en représailles sur Gaza a fait 65.926 morts, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugés fiables par l'ONU.
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