En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour réaliser des statistiques d'audience et vous proposer des services ou publicités adaptés à vos centres d'intérêt.
  Votre navigateur (${ userBrowser.name + ' ' + userBrowser.version }) est obsolète. Pour améliorer la sécurité et la navigation sur notre site, prenez le temps de mettre à jour votre navigateur.      

En Corée du Sud, des morts solitaires et tout un business derrière

| AFP | 278 | Aucun vote sur cette news
Des étudiants s'entraînent sur un mannequin au rite de  la mise en bière dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025
Des étudiants s'entraînent sur un mannequin au rite de la mise en bière dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025 ( Jung Yeon-je / AFP )

Devant un alignement de cercueils, des étudiants s'entraînent à la mise en bière, prêts à devenir la future génération d'agents des pompes funèbres d'une société sud-coréenne qui vit, vieillit et meurt de plus en plus seule.

Ils sont nombreux à se lancer, conscients du glissement démographique vertigineux de leur pays, où près de la moitié de la population a 50 ans ou plus, avec un taux de natalité parmi les plus faibles au monde.

Des étudiants s'entraînent sur un mannequin au rite de  la mise en bière dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025
Des étudiants s'entraînent sur un mannequin au rite de la mise en bière dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025 ( Jung Yeon-je / AFP )

Dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan (sud-est), les élèves enveloppent délicatement un mannequin de tissus traditionnels, veillant à aplanir les plis comme si le mort était un vrai, avant de le déposer doucement dans un cercueil.

"Avec notre société qui vieillit, je me suis dit que la demande pour ce type de travail ne ferait qu'augmenter", résume Jang Jin-yeong, étudiant en administration de pompes funèbres de 27 ans.

Im Sae-jin, un camarade de 23 ans, a embrassé cette voie après le décès de sa grand-mère.

"A ses funérailles, j'ai vu à quel point elle avait été magnifiquement préparée pour ses derniers adieux", dit-il. "Je me suis senti profondément reconnaissant".

L'odeur "partout"

De plus en plus de Sud-Coréens vivent et meurent seuls, sans personne pour s'occuper de leur corps ou de leurs affaires. Ils représentent quelque 42% des foyers de la quatrième économie d'Asie.

Des étudiants s'entraînent sur un mannequin à revêtir un défunt dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025
Des étudiants s'entraînent sur un mannequin à revêtir un défunt dans une salle de classe de l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025 ( Jung Yeon-je / AFP )

A tel point qu'un nouveau métier a vu le jour: des nettoyeurs appelés pour mettre de l'ordre dans les logements après le décès de leurs habitants.

Cho Eun-seok, ancien musicien classique de 47 ans, s'est occupé d'innombrables maisons dont le résident était décédé, parfois des mois après.

Bouteilles de soju par centaines soigneusement rebouchées, boîtes de cadeaux poussiéreuses jamais ouvertes... Leurs logements sont "comme des portraits d'eux", raconte M. Cho à l'AFP.

Les données sur ces morts solitaires incluent aussi les suicides, dont la Corée du Sud présente le taux le plus élevé parmi les pays développés.

Des offrandes sur un autel disposé lors d'un cours de préparation funéraire dispensé par l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025
Des offrandes sur un autel disposé lors d'un cours de préparation funéraire dispensé par l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025 ( Jung Yeon-je / AFP )

Et qui ne surviennent pas qu'à domicile: le professionnel a commencé à recevoir des appels de sociétés de location de voitures, pour nettoyer des véhicules où certains se sont donnés la mort.

Il explique que ces morts solitaires obligent à jeter tous les biens d'un lieu, car elles entraînent des invasions de nuisibles et en été, l'odeur putride se diffuse rapidement.

"En trois jours, elle se dépose partout, le frigo, la télé, et rien ne peut être sauvé", affirme-t-il.

Faire vivre ce(ux) qui reste

Mais cette mission ne se résume pas au nettoyage.

Kim Seok-jung, un autre de ces travailleurs, s'est un jour occupé de la maison d'une parolière et a trouvé plusieurs chansons dont elle n'avait pas parlé à ses proches. Il en a fait une musique.

Une enseignante enveloppe un mannequin lors d'un cours de préparation funéraire à l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025
Une enseignante enveloppe un mannequin lors d'un cours de préparation funéraire à l'Institut des sciences et technologies de Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud, le 24 septembre 2025 ( Jung Yeon-je / AFP )

Cho Eun-sok se souvient, lui, d'une lycéenne qui vivait dans un "goshiwon", un appartement minuscule de souvent moins de 5m2, pour fuir des violences domestiques.

Il faisait le ménage chez elle une fois par mois, car l'adolescente, dépressive, en était incapable et vivait au milieu de monceaux d'objets et de nourriture en décomposition recouvrant son lit.

Mais elle tenait absolument à ce que M. Cho ne jette pas une petite boîte.

Un an plus tard, la jeune fille s'est suicidée. A l'intérieur de la boîte, se trouvait un hamster.

"Dès que je l'ai vu, je n'ai pensé qu'à une chose: le sauver et le garder en vie", se remémore Cho Eun-seok.

Kim Doo-nyeon, un vétéran du secteur, dit qu'il recrute de plus en plus de jeunes dans la vingtaine pour ces opérations de nettoyage.

Im Sae-jin, un étudiant en administration de pompes funèbres, lors d'un entretien à l'AFP, le 24 septembre 2025 à Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud
Im Sae-jin, un étudiant en administration de pompes funèbres, lors d'un entretien à l'AFP, le 24 septembre 2025 à Busan, dans le sud-est de la Corée du Sud ( Jung Yeon-je / AFP )

"Quand des personnes vivent ensemble, elles partagent des choses (...) même si l'une meurt, ces objets restent", raconte M. Kim. "Mais quand quelqu'un meurt seul, tout doit être enlevé".

A Busan, dans la classe des apprentis agents funèbres, Im Sae-jin confie qu'il appréhende ses débuts.

"Peu importe à quel point on se prépare, être face à une personne décédée est effrayant".

 ■

Copyright © 2025 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés.

Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l'AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, transmise, rediffusée, traduite, vendue, exploitée commercialement ou utilisée de quelque manière que ce soit sans l'accord préalable écrit de l'AFP. l'AFP ne pourra être tenue pour responsable des délais, erreurs, omissions, qui ne peuvent être exclus ni des conséquences des actions ou transactions effectuées sur la base de ces informations.

Votez pour cet article
0 avis
Note moyenne : 0
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
  • 0 vote
SUR LE MÊME SUJET
Publié le 31/10/2025

Des clients achètent des vêtements noirs à Bangkok le 30 ocobre 2025 pour porter le deuil après le décès de la reine mère Sirikit, décédée à 93 ans ( Chanakarn Laosarakham / AFP…

Publié le 29/10/2025

Un million de personnes confient à ChatGPT des pensées suicidaires, selon OpenAI ( Kirill KUDRYAVTSEV / AFP/Archives )Plus d'un million d'utilisateurs de ChatGPT évoquent des pensées liées au…

À LIRE AUSSI SUR BOURSE DIRECT
Publié le 03/11/2025

Le momentum manque sur les grands indices qui vivent cette période charnière du mieux possible. Les opérateur font du tri tandis uq’on arbitre dans le calme. Attention au ratio put/call très…

Publié le 03/11/2025

Le CAC40 cash a clôturé la séance en baisse de 0,44% à 8121,07 points dans un volume moyen de 3.593 MD€. Sur la semaine, l’indice a perdu 1,27% et gagné 2,85% sur le mois.

Publié le 03/11/2025

Dans un mois d’octobre rythmé par les publications de résultats du troisième trimestre, les indices français évoluent en ordre dispersé. Le CAC 40…

Publié le 03/11/2025

Le CAC 40 s’est montré hésitant après un gain de 2,85% en octobre, sa meilleure performance mensuelle depuis janvier 2025 (+7,72%). D’abord en hausse, le marché parisien a ensuite fait preuve…

Publié le 03/11/2025

Entre juillet et septembre, Delfingen a généré un chiffre d’affaires de 95,4 millions d’euros, en baisse de 4,7%, ou de 1,1% en organique. Dans le détail, l’activité Industrie a connu une…